LES BUNKERS

La procrastination, s’en débarrasser ou l’apprécier?

Dans mon dernier sondage, 50,5% des personnes interrogées souhaitaient découvrir une meilleure solution contre la procrastination. Sur tous les blogues y compris le mien, la procrastination semble être l’ennemi numéro 1. Mais je n’en suis finalement pas si sûr. Évidemment, perdre 2h par jour parce qu’on procrastine est néfaste, nous verrons d’ailleurs quelques outils pour réduire ce temps. Mais au bout d’un moment, quand on a bien réduit la procrastination et qu’elle est de moins en moins présente, je pense qu’elle devient une amie. C’est l’objet de la deuxième partie de cet article.

Pour ceux qui ne seraient pas familiers avec le mot, procrastination signifie simplement la tendance à remettre à plus tard. Il faut faire la vaisselle, non, je le ferai ce soir. Il faut travailler, non, je ne voudrais pas manquer mon dernier épisode Netflix. C’est un problème très commun et la plupart des gens culpabilisent dans cette situation. Ça a l’avantage de nous faire réaliser qu’on procrastine, mais ça ne nous fait pas avancer. En plus, si vous lisez « Double ta valeur » depuis longtemps ou que vous êtes devenu un expert de la gestion de la procrastination par un autre moyen, enlever vos œillères qui vous font culpabiliser de la procrastination vous fera le plus grand bien.

Voyons maintenant mon plan en deux parties pour transformer la procrastination en amie.

Les meilleurs outils contre la procrastination

Mettre en place de bonnes habitudes

Dès que je parle d’habitude, on me regarde avec des grands yeux plaintifs : « mais ça à l’air chiant, long et difficile ça non? ». Il y a surement une partie de vérité parce que je ne suis pas là pour vous donner des solutions miracles (parce que je n’en ai pas) et que les méthodes qui marchent demandent une certaine quantité d’effort. Mais les habitudes sont comme un investissement.

Quand vous achetez un appartement pour le louer, vous faites un effort au début : donner de l’argent au vendeur. Ça dure en général plusieurs années parce que vous avez souscrit un emprunt à la banque. Et puis au bout d’un moment, vous commencez à avoir un retour sur investissement, vos loyers vous créent un complément de revenu. À partir de ce moment, votre dose d’effort est minimale. Certes, vous devez rénover le lieu occasionnellement, mais une fois que vos locataires sont dedans, vous n’avez pas d’effort à faire pour avoir ce revenu supplémentaire. On peut même imaginer que vous répétiez suffisamment l’opération jusqu’à ce que vos loyers remplacent votre salaire. De cette manière, plus besoin de travailler (c’est-à-dire faire un effort).

Revenons-en à l’efficacité qui fonctionne exactement de la même manière. Votre investissement est la création d’une habitude. C’est difficile, il faut être rigoureux pendant quelque temps. Mais une fois que tout est en place, plus besoin d’effort ou de volonté pour agir, c’est automatique. Et, plus vous investissez dans la création d’habitudes, moins vous avez besoin de volonté pour éviter de procrastiner.

Maintenant, comment mettre en place de meilleures habitudes ? C’est un thème majeur sur mon blogue sur lequel j’ai écrit plusieurs articles et même un guide complet. Je vais vous donner un raccourci pour commencer à mettre en place de nouvelles habitudes dès que vous aurez fini de lire cet article.

1-Précisez vos objectifs

Lutter contre la procrastination, c’est bien, mais pour quoi faire ? Si vous n’avez pas une idée claire des bénéfices que vous apportera l’arrêt de la procrastination, vous avez très peu de chances d’y arriver. Peut être que vous souhaitez réaliser certains rêves ou alors donner plus de temps à votre famille, ou encore progresser dans votre carrière, etc. Donner un sens à vos actions vous aidera grandement. Ça vous permettra aussi de choisir de nouvelles habitudes bénéfiques pour vous à long terme. Pour trouver votre pourquoi, cette raison qui va vous pousser à l’action, une question m’a beaucoup aidé. Par contre, elle est extrêmement difficile. Quand je l’ai lue pour la première fois, je me suis dit: « Bonjour le cadeau, je vais bien cogiter, mais je ne trouverai jamais de réponse… ».

Alors accrochez-vous : quelles sont les choses que vous regretteriez de ne pas avoir faites au cours de votre vie quand vous serez sur votre lit de mort ? Prenez vraiment votre temps pour répondre. Tout sera plus clair et vous aurez un angle d’attaque précis pour améliorer votre vie une fois la réponse trouvée.

2-Allez-y en douceur.

L’erreur que tout le monde fait est de commencer trop fort. Je reçois plein de mails super fiers qui m’expliquent leur plan pour changer leur vie d’un coup. Bien sûr, je commence par les féliciter pour leur ambition, c’est très important pour réussir. Mais directement après, je leur rappelle la méthode des petits pas. Elle consiste à créer des changements progressifs pour leur permettre de durer et de vous impacter en profondeur. Au départ d’un projet, on est tout excité, c’est nouveau, on a de l’énergie en surplus. Ça nous pousse à vouloir en faire trop parce que ce qu’on ne voit pas, c’est que dans deux semaines, quand cette motivation du débutant aura disparu, on ne pourra plus en faire autant. Et devant la montagne de tâches qu’ils ne parviendront pas à accomplir, la plupart des débutants abandonneront complètement. Je veux vous éviter ça à tout prix !

Ma recommandation pour cela est de vous limiter au début. Si vous voulez vous lancer dans la méditation et que vous vous sentez capable de méditer 10 minutes, commencez par 5 minutes seulement. Le but est que ce soit trop facile. Vous pourrez ensuite accroitre la difficulté.

3-Choisissez une habitude

Maintenant que vous savez ce que vous voulez grâce à la première question et que vous n’allez pas choisir une habitude impossible à tenir sur la durée, vous pouvez choisir avec les bons outils en main. L’idéal pour une habitude est qu’elle commence à heure fixe ou suite à un événement précis. C’est l’exemple de la douche. Vous avez l’habitude de vous doucher le matin avant ou après le petit déjeuner (à heure fixe) et vous prenez une douche après le sport (suite à un événement).

Une fois que vous l’aurez tenue suffisamment longtemps, il sera plus difficile pour vous de ne pas respecter votre habitude que de procrastiner !

Vous l’avez compris dans la partie sur les petits pas, je ne vous conseille pas de transformer 15 habitudes d’un coup, mais à long terme, vous pouvez imaginer une journée rythmée par un bon nombre d’habitudes qui permettent de ne pas procrastiner.

Supprimer le cancer de votre productivité

Comment rentabiliser l’heure que vous avez devant vous pour travailler ? C’est une question essentielle que bien peu de personnes se posent, ce qui mène à des absurdités.

La plupart des gens mesurent leur travail en temps passé à la tâche. On est fier de travailler 10h par jour. Cependant, j’aimerais connaitre votre degré d’efficacité pendant ces 10 heures. Parce que pour moi : Travail accompli = temps*concentration. Le temps est facile à mesurer, c’est pour ça que c’est ce qu’on choisit la plupart du temps. Mais si votre concentration est à 50% seulement, ça veut dire que vous pourriez travailler deux fois moins avec les mêmes résultats.

Pour avoir une concentration optimale, il faut absolument se limiter à une seule tâche à la fois et supprimer les distractions. Travailler avec Facebook ouvert, vos SMS, ou une série en arrière-plan est une illusion.

Pour me permettre de respecter ce conseil, j’ai une habitude qui se déclenche dès que je commence à m’éparpiller. J’ai comme une sorte d’alerte dans mon cerveau qui me dit de choisir. En plus quand je fais plusieurs choses en même temps, j’ai tendance à me perdre très rapidement ce qui m’avantage parce que ça facilite la détection de ces moments.

De votre côté, commencez par une action simple (un petit pas) : le téléphone en silencieux.

Avaler le crapaud

Cette expression vient d’un livre que je n’ai pas trouvé extraordinaire, mais qui donne un conseil anti procrastination très puissant. Le vrai problème de la procrastination, c’est quand on repousse des tâches importantes. Le but est donc de commencer par ces tâches pour s’en débarrasser dès le début de la journée. De cette manière, si vous procrastinez au cours de la journée, vous ne repousserez que des tâches assez peu importantes au lendemain. Autrement dit, vous enlevez du pouvoir à la procrastination en réduisant son impact.

Écrire un journal

« Ah ça y est, jusque-là, je trouvais les conseils plutôt bons, mais ça commence à partir en vrille… »
C’est ce que je me dis souvent quand je vois des conseils présentés comme magiques, comme la visualisation, la loi de l’attraction, etc. Et écrire un journal est souvent plébiscité par ces mouvements dont je n’apprécie pas toujours les réflexions, en particulier quand elles vont à l’encontre d’éléments scientifiques solides sans justification.

Autant dire que je m’étais presque promis de ne pas tester leurs méthodes. Mais mon point de vue a changé sur l’écriture d’un journal depuis que je m’informe sur la philosophie stoïque qui recommande cette pratique. Écrire un journal, c’est simplement passer sa journée en revue, mettre ses réflexions sur papier pour mieux les appréhender.

Je dois dire qu’après plus d’un mois de journal chaque soir, je ressens des bénéfices importants.

  1. Ça me pousse à approfondir certaines réflexions que j’éviterais sinon, comme la recherche de sens dans mes actions. Ce sont toujours des questions difficiles qui nécessitent du temps de réflexion, raison pour laquelle on les évite la plupart du temps. Le fait de réserver un moment à l’écriture me permet de prendre ce temps pour mon plus grand bien.
  2. L’écriture d’un journal aide à faire le point sur la journée et à se rendre compte de certaines choses. Quand on a procrastiné, on se demande pourquoi, comment on aurait pu l’éviter, quel est le positif qu’on peut en retirer, etc. C’est une vraie démarche d’introspection qui permet de s’améliorer.

Pour parler en langage plus concret, c’est se donner un feedback.

Une fois que toutes ces méthodes seront en place dans votre vie et que vous procrastinerez beaucoup moins, il sera temps de se demander s’il est possible et souhaitable d’aller encore plus loin dans la réduction de la procrastination.

Arrêter de culpabiliser et utiliser la procrastination

On peut toujours plus optimiser, mais au bout d’un moment, ce n’est plus rentable, trop d’efforts sont nécessaires pour des gains ridicules. Il faut alors se poser la question de l’utilité de la procrastination. J’en vois plusieurs.

  • Réaliser une tâche répétitive. Quand je procrastine, je suis souvent assez peu énergique ce qui me pousse à éviter les tâches intellectuelles. Je m’en sers parfois pour réaliser des tâches pénibles et répétitives. Ça permet d’éviter l’improductivité totale et donne l’occasion de travailler sur ce qui nécessite le moins de réflexion au moment où notre cerveau est le moins efficace.
  • C’est un indicateur qu’il faut souffler. Quand on a l’habitude de longues plages de travail sans pause et qu’on ne se laisse pas distraire facilement, il reste finalement assez peu de moyens à notre corps pour nous rappeler qu’il faut prendre une pause. Les moments où la procrastination frappe à ma porte sont des occasions pour faire du sport ou simplement me détendre.
  • La procrastination révèle vos envies. Ça, c’est la partie la plus géniale. Quand on procrastine, ça veut dire que quelque chose nous retient de passer à l’action. C’est un excellent moment pour se poser la question de ce qui nous freine.

Parfois, c’est simplement la peur et comme dirait Tim Ferriss, « ce dont on a le plus peur indique souvent ce qui est le plus important ». Mais ça peut aussi être un changement dans vos envies. Peut-être que vous avez découvert une nouvelle passion ou que vous avez perdu de vue le sens de ce que vous faites actuellement.

C’est la raison principale pour laquelle je peux dire que la procrastination est mon amie. Elle me donne des indices et me pousse à avoir certaines réflexions qui me permettront de progresser d’autant plus rapidement par la suite.

Comment faire en sorte que votre lecture n’ait pas été une perte de temps ?

Passez à l’action. Voici une liste des conseils à appliquer maintenant :

  • Réfléchissez à ce qui vous motive au fond avec la question : quelles sont les choses que je regretterais de ne pas avoir faites sur mon lit de mort ?
  • Gardez en tête que les changements se font par petits pas !
  • Mettez votre téléphone en silencieux quand vous travaillez
  • Commencez par le plus important pour que la procrastination ne puisse pas vous impacter
  • Écrivez un journal chaque soir pour avoir des réflexions importantes sur vous-même et le sens de vos actions
  • Arrêtez de culpabiliser et apprenez à tourner la procrastination à votre avantage !
  • Répondez à la question en commentaire : Comment pourriez-vous manipuler la procrastination pour la rendre positive dans votre quotidien ?
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