LES BUNKERS

Comment devenir un guerrier zen et être 5 fois plus productif?

Tu ne penses à rien en particulier. Tu es concentré, mais ce n’est pas un effort. Tu es extrêmement productif, mais tu n’as pas l’impression de travailler. Tes mains s’animent sur ton clavier d’ordinateur comme si elles étaient pilotées par une force mystérieuse. Tu perds la notion du temps. Les minutes se transforment en heures et, avant que tu t’en rendes compte, tu sens une main qui te secoue l’épaule.
Tu enlèves tes écouteurs, il est midi et ton collègue veut aller au McDonald’s avec toi. Fuck! Tu étais “dans la zone” et il vient de te réveiller.

Ce que je décris, tu l’as déjà vécu, cette sensation d’être complètement absorbé. Tu es bien, tu ne penses à rien, tout est facile. C’est un état très commun chez les sportifs et on lui crédite la plupart des records mondiaux. C’est aussi très fréquent d’entendre les musiciens et artistes décrire cet état lorsqu’on leur demande d’où leur vient leur inspiration. Et ça va peut-être te surprendre, mais c’est également très commun chez les programmeurs/designers web.

On peut comprendre pourquoi ce phénomène attire depuis longtemps l’intérêt de la communauté scientifique. En fait, Mihaly Csikszentmihaly a été le premier à proposer le terme “flow” pour décrire cette expérience. Dans son best-seller publié en 1990 intitulé “Flow: The Psychology of Optimal Experience”, il explique que l’état de flow est essentiel pour être capable de s’accomplir à son maximum et de vivre une vie pleine et satisfaisante.

Une étude longitudinale réalisée par McKinsey rapporte que les hauts dirigeants des entreprises jugent qu’ils sont cinq fois plus productifs lorsqu’ils sont en état de flow. Si leur jugement est exact, ça veut dire que si tu es en flow pendant 20 % de ton temps de travail, tu doubles ta productivité.

Une étude menée par DARPA est également venue à la conclusion que les recrues qui s’entraînent pour devenir tireurs d’élite apprennent 230 % plus vite lorsqu’ils sont en flow.

Non seulement cet état augmente les performances et l’apprentissage, mais ça donne aussi un solide boost de créativité et de motivation. Il s’agit de l’état naturel le plus addictif au monde.

La raison derrière tout ça est que l’état de flow augmente la concentration de cinq neurotransmetteurs dans le cerveau: la noradrénaline, la sérotonine, l’endorphine, l’anandamide et la dopamine.

Ce sont tous des neurotransmetteurs qui augmentent nos performances en plus de nous faire sentir incroyablement bien.

Pour te donner un exemple rapide, l’anandamide s’attache aux mêmes récepteurs que le THC, l’élément psychoactif de la marijuana. Il entraîne un sentiment de “béatitude” tout en stimulant notre pensée latérale, c’est-à-dire notre capacité à “penser en dehors de la boîte”.

L’endorphine, qui est générée naturellement lors de l’activité physique et de l’orgasme, s’attache à nos récepteurs opiacés. Il s’agit d’un antidouleur très puissant (et addictif).

La dopamine est le neurotransmetteur principal de la motivation. Il nous force à porter attention et stimule la sensation d’anticipation.
La noradrénaline augmente le rythme cardiaque, donne plus d’énergie et favorise un état d’alerte.
Finalement, le boost de sérotonine nous met de bonne humeur et augmente notre empathie.

Le cocktail de neurotransmetteurs que je viens d’énumérer ressemble étrangement à l’effet de la MDMA (Ecstasy), une drogue souvent décrite comme étant “la meilleure soirée de ta vie dans une pilule”. Cette drogue stimule ton corps à créer un mélange d’oxytocin, de sérotonine, de dopamine et de noradrénaline (l’oxytocin te donne envie de donner des câlins à tout le monde en plus de tout le reste).

La MDMA pourrait très bien être une pilule de flow sur demande si ce n’était pas du fait qu’elle vide complètement tes réserves de neurotransmetteurs, te laissant dans un état léthargique d’agressivité mélangé à un état dépressif pendant presque une semaine.

D’ailleurs, l’Adderall possède une composition chimique très similaire à la MDMA. Il s’agit d’une drogue qu’on prescrit aux gens atteints de trouble déficitaire d’attention. Elle entraîne un mixte d’adrénaline, de noradrénaline et de dopamine.

Ou peut-être connais-tu le Méthylphénidate, une amphétamine vendue sous le nom de Ritalin. Similaire à Adderall, la coke ou la MDMA, le Ritalin donne un high de dopamine, de noradrénaline, et de sérotonine.
Et la liste continue: Vyvanse, Concerta, Focalin, Dexedrine, Methylin, Metadate…

Sachant que plus de la moitié de la population ne se sent pas “engagée” par son travail, c’est facile de comprendre la montée en popularité de ces drogues chez les adultes. Il s’agit de l'antidote parfait pour notre population de travailleurs qui s’emmerdent royalement.

Comment avoir son high naturel?

Tu sais maintenant qu’être en état de flow est le raccourci le plus efficace pour devenir plus productif. Malheureusement, être en flow n’est pas si évident que ça.

La façon la plus facile est d’aller te plaindre à ton médecin que tu as un déficit d’attention et d’espérer qu’il te prescrive de la cocaïne en pilules.

Heureusement pour nous, il existe un autre moyen qui s’adonne à être beaucoup plus sain en plus d’être complètement gratuit!

Selon Steven Kotler, auteur de Rise of Superman, il existe 17 facilitateurs qu’on peut utiliser pour créer un environnement qui nous force à être en flow.

Voici un bref résumé des six facilitateurs les plus pratiques/faciles à appliquer dans nos vies.

La concentration

Aller en flow, c’est un peu comme aller dormir: c’est une transition qu’on permet à notre corps d’effectuer. On ne peut pas forcer le flow, mais on peut se laisser aller dans un état de flow.

Lorsqu’on commence à travailler, c’est normal d’être distrait par n’importe quel détail insignifiant (ton chandail pique, ta chaise n’est pas confortable, tu as faim…) Quand ça nous arrive, il faut prendre sa voix autoritaire et se parler: “Olivier, tu ne quittes pas ta chaise tant que tu n’as pas fini d’écrire ce chapitre, ça ne sert à rien de résister”.

La concentration est l’élément le plus important du flow. C’est impossible de se rendre à cet état si on nous dérange. Ça prend la discipline personnelle de fermer ses notifications et de refuser toutes les distractions qu’on aurait dans notre environnement.

Je sais que c’est difficile. On vit dans une ère où, si on ne répond pas en moins de 15 minutes, les gens commencent à devenir anxieux. Ferme tes messages et mets ton téléphone sur silencieux. Crois-moi, il n’y a aucun message texte qui ne peut pas attendre 12 h pour une réponse. Si c’est réellement important, le téléphone va sonner. Et non seulement il va sonner, mais on va laisser un message sur la boîte vocale.
Parfois, ce sont les patrons qui nous bombardent de messages texte. Honnêtement, je doute qu’il soit fâché si tu ne réponds pas immédiatement. Après tout, lui aussi a autre chose à faire. Mais s’il est fâché, alors je pense qu’il sera facile de lui faire comprendre que, pour effectuer un travail de qualité, tu dois être concentré et sans distractions. Ouain… Il risque de se sentir niaiseux un peu.

Si on ne cédule rien à son horaire, il va se faire remplir d’un paquet de petites choses pas tellement importantes. C’est pourquoi c’est primordial de planifier ses blocs de productivité à l’avance. “Entre 1 h et 4 h, je fais X.” Pendant ce bloc, tu travailles uniquement sur ta tâche. L’alternative étant de fixer ton écran et de t'emmerder royalement. Ne laisse absolument rien te distraire ou te déranger. Pas un collègue, pas un e-mail, pas un appel, pas un patron: rien.

Parlant justement de collègues… J’ai travaillé quelques années dans un bureau ouvert et une des solutions que j’ai trouvées pour qu’on arrête de me déranger est de m’acheter une grosse criss de paire d’écouteurs. Ça envoie le signal aux gens que tu es concentré et que tu ne veux pas te faire déranger. Et si tu n’es pas le genre de personne qui aime écouter de la musique en travaillant (comme moi), alors je te recommande fortement d’investir dans les Bose QuietComfort. Ils possèdent une technologie qui écoute le son ambiant pour ensuite inverser le signal dans tes oreilles, annulant ainsi tout bruit dans ton environnement.

Un objectif clair

Dans l’état de flow, c’est important que ton esprit n’ait pas à se demander quoi faire. Aussitôt que tu finis une tâche, tu dois enchaîner avec la suivante sans prendre de pause. C’est pourquoi il faut débuter chaque session de travail avec une petite période de planification.

Déconstruis la tâche que tu es en train d’accomplir en microétapes. Lorsque je programme, j’énumère toutes les étapes logiques que je devrai faire sur un bout de papier ou un tableau blanc. Lorsque j’écris, je fais un plan détaillé de chaque section du texte et de tous mes arguments avant de l’attaquer.

Mais ce n’est pas tout. Il faut non seulement savoir quoi faire, mais aussi pourquoi on le fait.

Que ce soit la mission d’entreprise ou encore ta mission personnelle, il ne faut pas hésiter à utiliser des éléments internes ou externes pour te motiver. Que ce soit pour changer le monde ou t’acheter une plus grosse piscine que ton voisin, il n’y a pas de mauvaise raison pour travailler fort!

Un bon défi

Pour être en flow, c’est important que la tâche en cours soit juste assez difficile pour qu’on ait à se forcer, mais pas assez pour nous faire chier.

Si la tâche est trop difficile, elle va nous rendre anxieux. Si elle est trop facile, elle va nous ennuyer. Ce principe crée un corridor où c’est plus facile de se retrouver en flow.

La méditation aide aussi grandement à élargir ce corridor puisque ça augmente notre capacité de concentration et facilite la gestion des émotions négatives comme l’anxiété.

De la rétroaction

La rétroaction immédiate aide à garder la concentration sur la tâche en cours. Un auteur contemple chaque phrase qu’il écrit de la même façon qu’un musicien entend chaque note qu’il performe.

Similairement, un programmeur sait si ça fonctionne (ou pas) instantanément et un vendeur peut lire le langage non verbal de son prospect tout au long de l’interaction.

Si on a accès à du feedback immédiat, notre cerveau n’a pas besoin d’utiliser ses ressources pour analyser et chercher des indices pour s’améliorer. Non seulement ça, mais ça nous garde en état d’alerte — la rétroaction nous pousse à porter attention. On reste engagés à 100 % dans le moment présent, ce qui augmente nos chances d’être en flow.

Des enjeux importants

L’être humain étant une créature sociale, rien ne nous motive plus que la peur de l’humiliation!
Lorsque tu prends un projet en main et que tu es publiquement responsable de son succès, te concentrer va être une tâche facile. Si tu t’engages publiquement à faire quelque chose, tu vas avoir peur du jugement des autres si tu échoues. Ta responsabilité n’est pas obligée d’être publique, ton entente peut être entre toi et ton patron.

Il n’y a pas que la peur, mais aussi l’anticipation de la gloire! La promotion ou la médaille qui t’attend à la fin de tout ça.

Je parle de conséquences sociales parce qu’elles sont celles qui s’appliquent le plus à ta situation, mais il existe également les enjeux physiques. Par contre, je doute que la CSST soit d’accord qu’un employeur mette volontairement la vie de ses employés en jeu pour améliorer leur productivité!

Mais rien ne te pousse en flow comme la peur de la mort! Et puisque c’est l’état naturel le plus addictif au monde, ce n’est pas surprenant que certaines personnes prennent des risques incroyables pour ressentir cette émotion. Felix Baumgartner, par exemple, a fait un saut en parachute à partir de l’espace! Dans une entrevue qu’il a accordée au journal The Telegraph, il admet que l’expérience l’a terrifié. “C’était l’enfer!”

Un environnement riche

Dans l’immédiat, un environnement riche est un environnement difficile à prévoir qui t’expose à beaucoup de nouveautés et de complexité; trois choses qui captent ton attention (un peu comme le risque et la pression sociale). Après tout, si on ignore ce qui va se produire ensuite, on n’a pas le choix d’être attentif!

Mais un environnement peut également être riche lorsqu’il force ton cerveau à créer de nouvelles connexions. Le fait de voyager dans une autre ville ou un autre pays, de débuter une nouvelle routine de vie (comme aller au gym), de lire des livres de non-fiction ou encore de travailler dans un milieu ayant une démographie variée (ethnie, âge, sexe) va te stimuler intellectuellement et faciliter ton accès au flow.

Fin de l'extrait. 

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