LES BUNKERS

Pourquoi tu ne peux pas t’empêcher de procrastiner?

La procrastination, cette tendance pathologique à différer, à remettre l’action au lendemain, est l’un des plus grands ennemis de la productivité.

Si personne n’avait procrastiné depuis le début de l’histoire de l’humanité, je n’ose même pas imaginer tout ce qui aurait été accompli et où en serait le monde!

Individuellement, on aurait probablement terminé plusieurs projets qu’on a fini par abandonner, passé pas mal moins de nuits blanches au cégep et à l’université, sans parler du niveau de productivité qu’on aurait pu atteindre au travail.  

Mais bon, comme on dit, avec des “si” on pourrait refaire le monde! On ne peut pas changer le passé, mais on peut en tirer des leçons pour le futur.

“La folie, c’est se comporter de la même manière et s’attendre à un résultat différent” Albert Einstein.

On a généralement nos premières expériences avec la procrastination dès qu’on a un peu de liberté sur notre emploi du temps. Je ne sais pas pour toi, mais pour moi c’était à l’école secondaire quand j’ai réalisé que c’était beaucoup plus intéressant de passer mes soirs et weekends à tout photographier avec mon nouvel appareil photo numérique 2.1 mégapixels (que j’ai nommé Georgette) plutôt que d’étudier. À ce moment-là, on ne réalise pas qu’il y a un mot pour décrire ce phénomène, encore moins qu’il nous hantera toute notre vie!

Cette manie ne s’améliore pas vraiment d’elle-même avec le temps. Une fois qu’on a pris ces mauvais plis, ils deviennent franchement tenaces et c’est très difficile de s’en débarrasser.

Le problème, c’est qu’en remettant toujours nos tâches à plus tard et en exécutant la majorité de notre travail à la dernière minute, on finit par ne pas accomplir la moitié de ce qu’on aurait le potentiel de faire, et ce qu’on arrive à faire n’est pas d’une qualité qui rend justice à nos talents.

Faisons un petit exercice de visualisation. Projette-toi dans un futur pas trop lointain, disons dans deux à cinq ans. Quels sont les projets que tu aimerais avoir réalisés d’ici là? Maintenant, imagine tout ce que tu pourrais accomplir et les possibilités d’avancement professionnel que ça t’ouvrirait si tu pouvais réaliser tes projets sans JAMAIS procrastiner!

Ne plus procrastiner est excessivement difficile, mais tout à fait réalisable. La première étape pour y parvenir est de comprendre pourquoi on procrastine, quelle est la cause de ce comportement irrésistible qui en fait une manie aussi tenace.

Même si la procrastination, à sa source, se manifeste pour différentes raisons, la cause est toujours la même: la résistance.

On va donc élaborer un peu sur ce qu’est exactement la résistance et pourquoi elle nous pousse à la procrastination. Pour ce faire, on va d’abord définir le concept à l’aide des écrits de Steven Pressfield et de son livre “The war of art”, qui est rapidement devenu une référence sur le sujet de la résistance.

Ensuite, on va élaborer sur ses effets et manifestations à l’aide de la métaphore complètement hilarante, mais très appropriée, proposée par Tim Urban au cours de sa conférence présentée par TED sur le sujet de la procrastination.  

La résistance

La résistance est toujours la cause de la procrastination, peu importe les raisons qui se cachent derrière elle.

Mais qu’est-ce que c’est, plus précisément, la résistance?

Hé bien il s’agit de la force en nous qui cherche à tout prix à nous distraire, à nous convaincre qu’on est trop fatigués pour faire ceci, qu’on ne peut pas commencer à faire nos tâches sans avoir d'abord fait cela, ou bien que c’est impossible de travailler dans telle ou telle condition. “La procrastination est la manifestation la plus commune de la résistance parce que c’est la plus facile à rationaliser.”

Autrement dit, c’est la petite voix dans notre tête qui nous donne mille et une excuses, qui semblent souvent très légitimes, pour ne pas avancer notre travail. C’est elle qui est à l’origine de tous nos “oui, mais…”
La résistance se tient à pieds fermes entre la vie qu’on vit et celle qu’on sait qu’on pourrait et qu’on aimerait vivre. Pourquoi est-ce qu’on n’arrive jamais à tenir nos résolutions du Nouvel An bien longtemps? BAM! La résistance. C’est généralement la procrastination causée par notre résistance qui fait en sorte que toutes nos bonnes intentions “prennent le bord”.  

C’est complètement tragique, parce que ça nous empêche d’atteindre notre plein potentiel! “Es-tu un écrivain qui n’écrit pas? Un artiste peintre qui ne peint pas, un entrepreneur qui ne démarre jamais son entreprise?”

Chaque jour, on perd de petits combats contre la résistance, sans même comprendre ce qui s’est passé. On entame la journée avec assez d'ambition pour déplacer une montagne et un objectif en tête tout à fait réaliste, mais on la termine en se demandant où sont passées les 8 dernières heures et comment est-ce que c’est possible d’avoir accompli si peu pendant ce temps. C’est parce que “le plus difficile, ce n’est pas le travail, c’est de s’asseoir et de travailler.”

Bref, la résistance est un ennemi à confronter au quotidien si on veut enrayer la procrastination de notre vie. 

Un singe fou!

Si la résistance avait une forme physique, elle serait probablement incarnée par un singe fou hyperactif. En fait, c’est l’image avec laquelle Tim Urban a réalisé sa conférence sur la procrastination pour Ted Talks. Selon lui, voilà à quoi ressemble le cerveau d’une personne qui ne procrastine pas:

Le cerveau et les actions de cette personne sont gouvernés par une personne rationnelle qui agit dans son meilleur intérêt à long terme.

Voilà maintenant à quoi ressemblerait le cerveau d’un procrastinateur:

Dans cette image, on voit que c’est quand même la personne rationnelle qui tient le gouvernail, mais elle est accompagnée d’un petit singe dont l’intérêt est la gratification instantanée.

Le problème, c’est que le personnage n’a aucune idée de comment contrôler le singe s'il décide de s'emparer du gouvernail… voilà donc ce qui se passe:

Quand le personnage veut s’asseoir pour travailler, le singe fou décide de s’emparer du gouvernail et de regarder des vidéos de créatures des fonds marins sur YouTube, ce qui l’entraîne dans une spirale d’écoute de vidéos YouTube qui se termine par une entrevue avec la mère de Justin Bieber.

Ensuite, il gambade littéralement sur le gouvernail faisant complètement perdre le contrôle à la personne rationnelle! Il décide de réorganiser sa liste de tâches à faire, de regarder un peu le prix des bas sur Amazon et de subdiviser ses iPhotos dans des albums plus spécifiques.

Après tout ça, il est au moins 2 heures de l’après-midi et puisqu’il a un rendez-vous à  4 h 30, il est trop tard pour entreprendre quoi que ce soit.

Pseudo-travail et culpabilité

Le pire dans tout ça, c’est que quand on procrastine, toutes ces choses qu’on fait au lieu de travailler ne sont pas vraiment des moments qu’on apprécie. C’est ce que Tim Urban appelle le “Dark playground”.

C’est un endroit où les activités proposées ont lieu à un moment qui ne devrait pas être consacré à ces activités. C’est un lieu où chaque plaisir provoque son lot d’anxiété, de stress et de culpabilité.

Toutefois, il arrive que notre côté rationnel arrive à reprendre un peu le contrôle des commandes, sans vraiment pouvoir empêcher le singe fou de nous pousser à procrastiner. C’est ce qui donne lieu à un “purgatoire d’activités bizarres où tout le monde perd”, comme regarder trente fois si on a des courriels ou des notifications en une demi-heure, ou bien se prendre à rêvasser sur ce qu’on aimerait avancer dans notre travail sans vraiment le faire. Autrement dit, c’est ce qui mène à du pseudo-travail qui nous donne un semblant d’impression qu’on a travaillé, sans toutefois avoir fait quoi que ce soit qui aura un impact concret.

Bref, le singe fou (la résistance) détourne notre attention vers des choses futiles qui nous apportent de la satisfaction instantanée ou nous pousse à accomplir des choses pas trop exigeantes qui nous donnent l’impression de travailler un peu.

Le singe ne voit pas plus loin que le moment présent. Après tout, s’il mange quand il a faim, qu’il dort quand il est fatigué et qu’il joue quand il en a envie, sa vie de singe sera bien réussie!

Le problème, c’est qu’un singe fou n’en a rien à faire du sentiment d’accomplissement et de la productivité. Un humain, oui, s’il compte accomplir quoi que ce soit dans sa vie.

Le monstre de la panique

On peut donc procrastiner notre travail de cette façon quasiment à l’infini…. Sauf dans les cas où on a un deadline pour le réaliser. Quand la date butoir approche dangereusement, le monstre de la panique fait son apparition.

Le monstre de la panique est la seule chose que craint le singe fou, alors à son apparition il prend la poudre d’escampette pour laisser le gouvernail à la personne rationnelle.  

C’est ce qui explique la soudaine productivité, par exemple, d’un étudiant qui n’a pas été capable de rédiger plus de trois lignes en un mois et qui soudain peut rédiger une dissertation de 12 pages en une nuit blanche.

Malheureusement, il arrive que la personne rationnelle soit également apeurée par le monstre de la panique et fige complètement, incapable de réaliser quoi que ce soit. Inutile de spécifier qu’il s’agit de la cause d’un grand nombre d’échecs, tant au niveau scolaire que professionnel.

Subconscient VS Raison

Concrètement, la résistance et le singe fou sont des métaphores qui illustrent et expliquent le combat interne qui a lieu entre la partie limbique de notre cerveau (grosso modo notre subconscient) et notre cortex préfrontal (notre raisonnement).

Le système limbique est responsable des comportements qui se font automatiquement, comme respirer par exemple, et des comportements instinctifs comme éviter les situations douloureuses ou compliquées. C’est la partie “homme des cavernes” qui te dit “Moi veux jouer. Moi veux bière.”

Le cortex préfrontal, quant à lui, nous permet de considérer l’information à notre disposition, de raisonner et de prendre des décisions rationnelles. Il régit également le langage et la mémoire de travail. Il s’agit de la partie la plus évoluée de notre cerveau, mais elle est beaucoup plus récente dans l’évolution humaine que la partie limbique.

Alors, lorsqu’on doit faire une tâche qui, après analyse par notre cortex préfrontal, nous paraît être bénéfique sur le long terme, le cerveau limbique se met de la partie. Dès qu’il prend conscience de la complexité de la tâche VS l’absence de gratification instantanée, elle tente de nous empêcher de la réaliser!

Finalement

La procrastination, c’est sacrifier ce qu’on veut vraiment pour avoir ce qu’on veut maintenant. C’est accorder, parfois inconsciemment, la priorité à des futilités au détriment de nos ambitions.

Peu importe par quelle(s) raison(s) elle est provoquée, la procrastination est causée par la résistance; cette force interne qui cherche à tout prix à détourner notre attention des tâches qu’on doit accomplir.

Un singe fou qui prend le contrôle du gouvernail de notre cerveau est une très bonne façon d’illustrer les effets de la résistance qui nous pousse à procrastiner.  

Cette illustration permet de dépeindre le combat qui a lieu chaque jour dans notre cerveau entre le système limbique et le cortex préfrontal et nous permet de mieux comprendre pourquoi on procrastine autant.

Remettre notre travail à plus tard est une mauvaise habitude qui peut être très dommageable dans nos vies, car elle nous empêche d’atteindre notre plein potentiel et fait en sorte que le fruit de nos efforts n’est pas à la hauteur de notre talent.  

C’est pourquoi il faut impérativement apprendre à déjouer la résistance et cesser de procrastiner. Pour connaître les meilleurs trucs, je te suggère donc de poursuivre ta lecture avec cet article: Les solutions pour en finir avec la procrastination selon son profil type.

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